À la fin d’un bail, la question de la dégradation du logement revient fréquemment, surtout lorsque le propriétaire découvre des dégâts ou constate un manque d’entretien. Pourtant, un arrêt marquant de la Cour de cassation du 16 novembre 2023 a remis en lumière l’importance de respecter scrupuleusement les formalités juridiques pour réclamer des frais de remise en état. Cette décision réaffirme la protection du locataire et précise la responsabilité du bailleur au moment de la restitution du bien.
Pourquoi l’état des lieux est-il indispensable à la sortie du locataire ?
Lorsque le locataire quitte son logement, il est fondamental d’établir un état des lieux de sortie. Ce document officiel permet de comparer l’état initial du bien à celui constaté lors du départ. C’est sur cette base que peuvent être retenues, ou non, des sommes sur le dépôt de garantie si des dégradations du logement sont relevées.
Pour être valable, l’état des lieux doit impérativement se faire de manière contradictoire : la présence du propriétaire et du locataire, ou de leurs représentants, est requise afin que chacun puisse exprimer ses observations. Cette exigence garantit l’équité du processus et protège les droits de chaque partie.
Que se passe-t-il si cette formalité est oubliée par le propriétaire ?
L’oubli de formalité, notamment l’absence d’état des lieux contradictoire, expose le bailleur à de lourdes conséquences. L’arrêt du 16 novembre 2023 rendu par la justice rappelle que si le propriétaire ne respecte pas ce cadre strict, il perd tout droit de réclamer une quelconque compensation financière pour des détériorations ou travaux nécessaires.
Dans certains cas, la loi prévoit aussi une protection accrue pour certains locataires âgés. En effet, passé un certain âge, il existe des dispositions légales qui protègent les locataires contre toute expulsion. Pour mieux comprendre à partir de quel âge précis la protection contre l’expulsion des locataires âgés s’applique, il convient de se référer aux dernières évolutions réglementaires.
Comment la justice statue-t-elle sur ce type de litige ?
L’affaire jugée en novembre 2023 illustre parfaitement ce principe : le bailleur reprochait à son ancien locataire un défaut d’entretien du jardin, mentionné dans un état des lieux rédigé unilatéralement par son mandataire, sans la présence du locataire. Or, le propriétaire n’avait ni tenté d’organiser une rencontre amiable, ni fait appel à un commissaire de justice comme l’exige la loi en cas de désaccord ou d’absence du locataire. Par conséquent, le document produit a été jugé sans valeur probante par la justice.
La Cour de cassation a donc condamné le bailleur à restituer au locataire la somme de 1 539,60 euros correspondant au dépôt de garantie et aux pénalités de retard. Cette décision confirme que seule l’absence de formalité suffit à annuler toute demande du propriétaire, même en cas de dégradation du logement.
Cette jurisprudence rappelle que la responsabilité du bailleur quant à l’organisation de l’état des lieux n’est pas facultative : elle conditionne toute possibilité de demander un remboursement de frais de remise en état. Un manquement à cette règle prive définitivement le bailleur de toute réclamation financière liée à l’état du logement.
Quelles précautions prendre pour éviter tout litige à la fin de bail ?
- S’assurer d’organiser l’état des lieux de sortie en présence du locataire, ou à défaut, lui adresser une convocation officielle par courrier recommandé.
- Prévoir dès le début du contrat la possibilité de recourir à un commissaire de justice en cas d’absence ou de refus de participation de l’une des parties.
- Conserver toutes les preuves d’envoi de convocation et les échanges relatifs à la prise de rendez-vous pour l’état des lieux.
- Comparer attentivement l’état des lieux d’entrée avec celui de sortie afin de déterminer objectivement la nature et l’origine des dégradations.
La jurisprudence récente met l’accent sur la nécessité pour chaque bailleur de respecter ces étapes avec rigueur. En négligeant une convocation officielle ou le recours à un professionnel habilité, aucune dégradation du logement, même importante, ne peut justifier une retenue sur le dépôt de garantie.
Pour le locataire, conserver les traces écrites concernant l’état des lieux devient stratégique : ces justificatifs seront déterminants en cas de litige. La charge de la preuve du respect de la procédure incombe toujours au bailleur, jamais à l’occupant sortant.





